Hier, loin des caméras et du tumulte parisien a eu lieu, dans les salons du Quai d'Orsay et en présence de Bruno Le Maire, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, la remise du Prix Louise Weiss du nom de la fondatrice de la revue de politique française et internationale "L'Europe Nouvelle".
Le Prix Louise Weiss distingue et encourage des journalistes uvrant à une meilleure compréhension de l'Europe, de ses institutions, de son fonctionnement et de sa culture. Son objectif est d'encourager les journalistes à un traitement plus systématique, plus pédagogique et plus original des sujets européens, contribuant en cela à réduire "la fracture européenne".
Cet événement organisé par la section française de l'Association des Journalistes Européens présidée par Jean Quatremer, journaliste à Libération, a permis, au-delà des articles primés (http://www.ajefrance.com) de souligner une triste réalité à savoir le désintérêt des medias français pour les affaires européennes.
Outre un traitement au rabais dans la presse écrite, réduction de la pagination oblige, le plus inquiétant est peut être la diminution du nombre de correspondants français basés de façon permanente à Bruxelles. Cette faiblesse conjuguée au désintérêt de la classe politique, toute tendances confondues, pour les sujets européens n'est bonne ni pour la démocratie française, ni pour l'Europe.
Pourtant, comme la rappelé avec justesse Bruno Le Maire, le champ des affaires européennes est immense et ne se limite pas aux seules questions institutionnelles, ni à la géographie de la Commission européenne.
Insistant sur l'importance de la coopération franco-allemande et la nécessité de bien percevoir les réalités européennes, ce dernier a aussi rappelé le caractère évolutif de l'Union européenne qui à la différence de nombreux pays a su faire preuve, ces dernières décennies, d'une incroyable plasticité géographique mais aussi intellectuelle.
Toutefois, à quelques semaines des prochaines élections européennes, il n'est pas certain que les partis politiques français arrivent à organiser un débat constructif et prospectif sur l'Europe. Prisonniers d'approches politiciennes très éloignées des véritables enjeux européens, ils semblent d'ores et déjà condamnés, à défaut de convictions, à jouer avec les circonstances.
C'est regrettable car dans le même temps, des professionnels passionnés à l'image de Véronique Auger, présidente du jury et rédactrice en chef de la Rédaction européenne de France 3, poursuivent sans relâche leur mission d'information sur notre patrimoine commun : l'Europe.
Xavier Grosclaude est diplômé en sciences politiques et en droit communautaire. Membre de plusieurs think tanks français, il combine une double expérience des affaires européennes en France et au Royaume-Uni.