Le sommet européen des villes et des régions, réuni à Prague les 5 et 6 mars, rassemble les acteurs de la démocratie locale et régionale, responsables de plus des deux tiers de l'investissement public en Europe. "Il s'agira, aussi, de réunir les "urgentistes" d'une économie réelle en bien mauvais état", écrit Claudio Martini dans une tribune à SchumanSquare. (http://fr.schumansquare.eu/)
Qui eut imaginé, l'an dernier, lorsque le Comité des Régions prit la décision d'organiser le sommet européen des villes et des régions à Prague les 5 et 6 mars 2009, que celui-ci prendrait une telle tournure ? Six mois après le séisme financier de septembre 2008, alors que son onde de choc se propage de plus en plus fortement, de plus en plus profondément dans l'économie réelle, le sommet de Prague ne sera pas seulement l'occasion de réunir les acteurs de la démocratie locale et régionale, responsables de plus des deux tiers de l'investissement public en Europe. Il s'agira, aussi, de réunir les « urgentistes » d'une économie réelle en bien mauvais état.
Car je témoigne du fait que les Régions sont les caisses de résonance de la crise économique. Bien que très inégalement armées pour l'affronter, très inégalement touchées par ses manifestations, aucune n'est invulnérable : les fermetures d'entreprises, les réductions d'effectifs, le chômage partiel ou total et leurs répercussions sociales, la raréfaction des ressources budgétaires et financières, de leur propre ressort ou de celui de leurs partenaires publics ou privés, les concernent toutes. Et toutes mettent aujourd'hui en place tant bien que mal des réponses d'urgence destinées, à court terme, à panser les premières blessures et limiter l'effet de réaction en chaîne. S'adossant aux plans de relance de l'Union européenne et des Etats membres, chacune, dans la mesure de ses compétences, de son budget, de son organisation, les complète et leur donne corps en prenant les mesures qui lui semblent les plus adaptées : mesures d'urgence sociale, de lutte contre la précarité, de soutien à l'emploi, mesures d'aides directes aux entreprises et renforcement de l'accès au crédit. Beaucoup ont adopté pour ce faire une démarche partenariale : représentants sociaux et patronaux, banques, collectivités locales ont eu leur place à la table des négociations. C'est ainsi la diversité territoriale de l'Europe qui s'exprime dans toute sa « richesse ».
Ces réponses immédiates, conjoncturelles, sont indispensables sauf à laisser des populations en souffrance. Mais elles doivent s'inscrire dans une vision renouvelée de l'avenir, dans une nouvelle étape du développement régional, faute de quoi elles se révéleraient contre-productives et freinerait la capacité à repartir du bon pied lorsque la crise s'éloignera. C'est pourquoi, alors même qu'aucune Région, pas plus que les Etats et les organisations internationales, ne maîtrise totalement les paramètres de la crise et leurs répercussions sur son territoire, chacune doit simultanément continuer à penser son action politique sur le moyen et le long terme. Beaucoup ont choisi de renforcer leur budget d'investissement en 2009 : des efforts complémentaires sont faits dans la formation professionnelle, le développement des énergies renouvelables et les économies d'énergie et dans celui de transports plus propres
C'est au croisement du court et du long terme, de l'urgence et de l'avenir, qui pourraient être contradictoires mais qui ne doivent pas l'être, que peut avoir lieu un débat utile entre responsables régionaux. Le produit de cet échange devra ensuite nous permettre de formuler clairement les attentes des territoires européens vis-à-vis des valeurs et des politiques de l'Union européenne à court, moyen et long terme. Face à un tel bouleversement économique et social et alors que les défis énergétiques et environnementaux restent plus que jamais d'actualité, la frilosité ne sera pas de mise : les Régions n'hésiteront pas à faire des propositions radicales si celles-ci s'imposent. La CRPM mènera un travail dans ce sens au cours de l'année 2009 par un échange d'expériences entre élus régionaux qui aura lieu d'ici l'été et un séminaire politique de propositions qui se tiendra à Marseille à la fin de l'année avec la participation attendue de la nouvelle Commission européenne et du nouveau Parlement européen.
Le sommet européen des villes et des régions des 5 et 6 mars, qui pose les premiers jalons de ce débat, tombe à point nommé. Dans un tel contexte, nous saluons l'approche partenariale du Comité des Régions, qui a fait appel à l'ensemble des organisations de collectivités régionales et locales, dont la CRPM. La déclaration finale qui sera adoptée à l'issue du sommet invite les institutions communautaires et les Etats membres à élaborer une réponse européenne à la crise concertée avec l'ensemble des territoires. A ce titre la CRPM lui apporte son soutien entier. La profondeur de la crise pousse à ne pas attendre cinq ans pour cette mobilisation de tous, contrairement à ce qui s'est passé entre 2000 et 2005 pour la Stratégie de Lisbonne.
Claudio Martini est Président de la Région Toscane,Président de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes d'Europe, Président du Forum Global des Associations de Régions etPrésident de la Commission des Affaires constitutionnelles du Comité des Régions