par Xavier Grosclaude, le vendredi 06 février 2009

A l'heure de la traçabilité informatique et de la biométrie, cette réplique culte issue de la série télévisée britannique «The Prisoner » reste d'une incroyable actualité.


Si tout le monde s'accorde à reconnaitre a posteriori l'incroyable modernité de cette série diffusée dans les années 60, force est de reconnaître qu'à l‘époque sa diffusion n'a pas rencontré, sauf en France, le succès escompté. Pourquoi ? peut-être parce qu'elle renvoyait à une réelle angoisse, celle de devoir vivre demain dans un monde structurellement parfait mais humainement invivable, faute de liberté…

Aussi, sans parler des pays aux cultures politiques liberticides, comme la Russie qui tente avec difficulté de tourner le dos à deux siècles de totalitarisme le plus absolu, il appartient à tous les européens d'être vigilants à chaque fois qu'il leur est demandé de renoncer à leur liberté pour la construction d'un monde meilleur ou plus juste.

En France, en dehors des périodes de grèves, le sujet de la liberté n'est guère évoqué pourtant de vraies interrogations demeurent sur le rapport ambiguë qu'entretiennent les français à la liberté, un rapport souvent difficile à décrypter pour nos partenaires européens et qui génère parfois de réelles incompréhensions.

Dans son livre intitulé « Le Coq et la Perle » (Seuil, 2007), Sylvie Goulard, Président du Mouvement Européen France, soulignait avec justesse le changement intervenu dans la relation des Français à la liberté " …les français ne se rendent peut-être même plus compte de la distance qu'ils ont prise vis-à-vis de la liberté, sur les plans à la fois économique et politique. Et, du coup, ils comprennent mal que des Britanniques soient tellement attachés à leur démocratie, profondément libérale, que des Néerlandais soient si favorables à la liberté du commerce ou que des Hongrois, des Polonais ou des Baltes, à peine libérés du communisme, soient fascinés par les Etats-Unis".

Ce constat fait, on peut légitimement se demander si la volonté affichée par la France de prendre le leadership du monde occidental, en lieu et place des Etats-Unis, ne risque pas à court terme d'être très vite contestée tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Union Européenne ?

En revanche, une certitude demeure la modernité et la plasticité du modèle européen peut incontestablement servir de matrice à des pays émergents désireux de progresser sur le chemin du progrès social et du développement économique tout en garantissant à leurs citoyens la jouissance de libertés fondamentales.

Toutefois, ne nous y trompons pas, le défi à relever pour l'Union n'est pas d'exporter son modèle politico-juridique in extenso mais seulement d'en diffuser la « substantive moelle » aux quatre coins de la planète.

Dans un monde de plus en plus fracturé, à la recherche de nouveaux équilibres, l'Union Européenne a incontestablement un rôle historique à jouer dans l'émergence d'une nouvelle mondialité permettant à tout à chacun d'être un homme libre et non un numéro…


Xavier Grosclaude est diplômé en sciences politiques et en droit communautaire. Membre de plusieurs think tanks français, il combine une double expérience des affaires européennes en France et au Royaume-Uni.  

Organisations en lien avec Fenêtre sur l'Europe :