Les élections européennes se préparent activement dans les 27 Etats membres.
A l'occasion de sa présidence de l'Union, Nicolas Sarkozy a mis en pratique une conception très politique de l'Europe qui a suscité intérêt et louanges.
Va-t-elle trouver un prolongement dans le scrutin des 4 et 7 juin prochain qui va désigner 736 députés européens ? Va-t-on y débattre encore de questions nationales ou enfin des politiques européennes comme semblent le réclamer les citoyens ?
Vraisemblablement un peu des deux. En Démocratie, tout scrutin est l'occasion d'envoyer un message aux gouvernants et, dans la crise économique, on peut penser que les attentes seront fortes et vives.
Gagner les élections européennes, ce serait offrir aux citoyens l'opportunité de s'exprimer sur les orientations de l'Union européenne.
Va-t-elle apporter aux citoyens une vraie protection face à la crise économique et financière et laquelle ? Permettre de protéger nos emplois ? Faire face à l'insécurité d'un monde plus incertain ?
Quel modèle économique et social, mais aussi quelle société préparons-nous? Quelle place pour les libertés individuelles et collectives alors que les impératifs sécuritaires nous enserrent toujours plus ? Quelle place pour les femmes, pour les religions ? Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour défendre ce modèle et le promouvoir dans le monde ?
Si ces questions ne sont pas posées, les résultats sont connus d'avance : les votes seront nationaux et vraisemblablement il s'agira de votes sanctions envers les équipes en place.
En Allemagne, au Portugal, au Luxembourg, en Bulgarie, mais aussi en Hongrie et au Royaume-Uni, il s'agira de pré-législatives. En France, en Finlande, en Estonie, en Grèce, en Lettonie, ce seront de véritables Mid-Term elections qui jugeront les gouvernants en place. En Roumanie, en Autriche, en Espagne, en Lituanie, nous assisteront au troisième tour des élections générales qui se sont récemment tenues.
Ce choix serait suicidaire pour la classe politique européenne. Partout les équipes en place seraient sanctionnées et le scrutin européen apparaîtrait comme un défouloir démocratique de plus. Il n'enverra au Parlement européen, pourtant de plus en plus important, qu'une coalition hétéroclite de contestataires extrémistes de droite et de gauche, de barons régionaux réputés populaires ou de people à la mode, de Verts idéalistes ou un peu éthérés, de marginaux politiques récupérés par le mode de scrutin proportionnel.
Les partis politiques peuvent faire le choix inverse et surfer sur la très politique présidence française pour d'abord mettre en débat les politiques européennes. Alors le choix électoral, qui ne sera jamais éloigné de considérations intérieures, portera aussi sur la manière dont les gouvernants agissent en Europe et sur la conduite des institutions européennes.
Le Parlement européen y gagnerait définitivement ses galons d'assemblée démocratique mure et responsable. Et les gouvernements, outre des ennuis en moins, de précieuses orientations pour les décisions à venir de l'Union européenne.
Editorial paru sur le site: htt://www.jd-giuliani.eu
Jean-Dominique Giuliani est président de la fondation Robert Schuman
http://www.robert-schuman.eu