par Arta Seiti, le mercredi 25 juillet 2007


En soutenant de nouvelles négociations entre les Serbes et les Kosovars albanais, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner met en avant à son homologue serbe une précondition à l'intégration de la Serbie à l'UE : "le problème du Kosovo à régler avant". Néanmoins, le plan Ahtisaari doit "revenir à la fin", si les deux parties n'arrivent pas à trouver un compromis, selon la position française.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, considère, quant au cinquième règlement pour le statut du Kosovo, que "derrière la rhétorique diplomatique se cache l'indépendance". Cette position suit le rejet ferme du Premier ministre serbe Vojislav Kostunica qui acclame que "le Kosovo ne sera pas indépendant et ce fait ne peut pas être changé par les Etats-Unis".

N'étant pas dans la mesure de jouer le rôle du partenaire dans les décisions internationales, le Kosovo consomme des versions de règlements et de nouvelles politiques géostratégiques provenant des rapports de force entre Moscou et Washington. Ainsi, le dossier du bouclier antimissile et la suspension du Traité FCE par la Russie mettent en risque la stabilité de l'Europe et notamment des Balkans eu égard à la définition du territoire du Kosovo.

A ce stade, le Conseil de Sécurité de l'ONU suspend la détermination du statut et le vote pour la résolution du Kosovo, en renvoyant le dossier au Groupe de Contact qui ne bénéficie pas de droit de veto. Cela étant, le détournant onusien affirme un lourd échec pour la communauté internationale, étant donné le marasme d'une sortie de crise pour cette zone, se trouvant depuis huit ans sous protectorat onusien.

A cet égard, pourrait-on conclure que l'absence du veto russe nous conduirait à un consensus entre les deux parties serbes et kosovars albanais ? Certes, temporiser la détermination du statut fait valoir une autre conduite dans la perception de ce dernier par le gouvernement du Kosovo.

Le Premier ministre kosovar, Agim Ceku fait appel à la dynamique du Kosovo ainsi qu'à une "politique active" face à cette nouvelle donne. La perspective de nouvelles élections législatives kosovares est évoquée par les leaders kosovars et même "une indépendance unilatérale". Ainsi, le Premier ministre demande au Parlement kosovar de proclamer l'indépendance du Kosovo en définissant une date butoir : le 28 novembre, date symbolique évoquant aux Albanais l'indépendance de l'Albanie (le 28 novembre 1912).

Par la suite, en parlant d'une partition du Kosovo, comme option récente d'ultimes discussions entre les Serbes et les Kosovars albanais (proposition lancée en premier par l'ancien Premier ministre russe Primakov), la presse kosovare souligne "qu'elle ne constitue pas une solution". Par ailleurs, une telle possibilité renversera les principes directeurs du Groupe de Contact pour le Kosovo. Ylber Hysa, membre de l'équipe des négociateurs kosovars albanais et vice leader du parti ORA, souligne à raison que cela conduirait à l'invalidité des autres principes du Groupe de Contact, notamment à celui évoquant "pas de partition du Kosovo ni d'union du Kosovo avec quelque pays ou partie de pays que ce soit."

A ce stade, que dirait-on de l'Albanie voisine ?

En outre, la lassitude des Kosovars albanais s'accroît. De nouvelles négociations risquent d'augmenter la tension entre les ethnies. "De quoi allez-vous discuter" titre l'éditorial du 13 juillet du quotidien kosovar Express, en craignant parmi d'autres "un sérieux danger pour les Serbes du Kosovo ; ils peuvent être considérées comme les principaux coupables de tout le processus ".

Dans un communiqué publié dans plusieurs journaux kosovars du mois de juillet, les anciens combattants de l'UCK annoncent "qu'ils seront contraints d'agir en tant que soldats de l'UCK pour respecter le serment de nos héros nationaux".


A l'évidence, les challenges s'annoncent complexes pour la diplomatie internationale. Une mise en place de quelques éléments du plan Ahtisaari pourrait se faire sans le mandat d'une résolution onusienne. En définitive, les principes directeurs du Groupe de Contact soulignent que la décision finale sur le statut du Kosovo devra être approuvée par le Conseil de sécurité.

IL incombe à l'Europe de secourir les Balkans !
Il incombe aux européens de défier les rapports de forces !

Et cela, n'est–il pas prudent de le faire tout en réglant la question du Kosovo et en établissant in extremis le projet d'une Communauté européenne balkanique. ?



Arta Seiti est chercheur associé au Centre de Géostratégie de l'ENS-Ulm, responsable du groupe d'études « Balkans » de l'Institut Prospective et Sécurité de l'Europe (IPSE) et membre du groupe de travail sur l'asymétrie au sein du Centre d'Etudes et de Recherche de l'Enseignement Militaire Supérieur (CEREMS).

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