par Philippe Gortych, le jeudi 26 juin 2008

Situé à deux pas de la Tour Eiffel, le Centre d'Accueil de la Presse Etrangère (CAPE) recevait le 20 juin dernier, le ministre français de l'Agriculture et de la pêche, Michel Barnier, qui a procédé à un tour d'horizon des sujets agricoles européens, à dix jours de l'ouverture de la présidence française de l'Union européenne (PFUE).


Pour ouvrir cette conférence, Michel Barnier a d'emblée donné le ton en insistant sur la croissance exponentielle des besoins alimentaires dans le monde, en illustrant son propos par un chiffre : "En 2050, il faudra nourrir plus de 9 milliards de bouche."

Le ministre a, par la suite, évoqué la politique nutritionnelle européenne qui est actuellement en déclin : "Les jeunes d'aujourd'hui consomment quatre fois moins de fruits et de légumes que leurs grands-parents." Ce déficit se fait d'autant plus ressentir dans les quartiers défavorisés, où l'on réalise parfois des distributions gratuites pour sensibiliser les plus jeunes sur les bienfaits des fruits et légumes.

A ce propos, Michel Barnier a évoqué l'importation de ces produits alimentaires hors des frontières de l'Europe, en estimant que le contrôle et la qualité des fruits et légumes importés en Europe répondent à des normes sévères qui doivent être les mêmes qu'au sein de l'Union européenne. Dans un monde où le changement climatique est devenu perpétuel, le ministre français de l'Agriculture et de la pêche a voulu se faire le défenseur de la " préservation des ressources naturelles" face à l'attente sociale.

Pour faire face à l'ensemble de ces mutations, "il faut produire plus et mieux" selon Michel Barnier, notamment en réorganisant la Politique Agricole Commune (PAC) à l'horizon 2013 ou encore en réduisant de moitié l'usage des pesticides d'ici 2018 grâce au "Plan Ecophyto 2018", ceci pour garantir la durabilité des pratiques agricoles. Avec l'actuelle flambée des cours du prix du pétrole, Michel Barnier a souhaité mettre en route la reconversion énergétique des exploitants agricoles français : 100.000 diagnostics énergétiques seront réalisés en France dans les cinq années à venir, dans le but de les rendre indépendants voire très peu dépendants du pétrole cher.

Pour les domaines de l'agriculture et de la pêche, mais aussi pour l'ensemble des champs d'action de l'Union européenne, il a dit qu' "il faut montrer l'Europe concrète, l'Europe utile aux citoyens", pour qu'ils se sentent plus concernés par la vie de l'Europe, de surcroît à la veille de la Présidence Française de l'Union européenne qui se prépare déjà depuis de nombreux mois.

Enfin, Michel Barnier a souhaité mettre l'accent sur autre enjeu majeur de l'agriculture actuelle et future : le stress hydrique, c'est à dire le climat désertique qui va bientôt toucher le sud de la France, où le climat sera digne de pays moyen-orientaux.

Cette menace est à prendre très au sérieux car les industries agroalimentaires sont le premier secteur industriel en France, elles occupent la première place en Europe et la seconde dans le monde après les Etats-Unis. Néanmoins, la France demeure le premier exportateur mondial de produits agroalimentaires. Et pour conserver ce rang, Michel Barnier n'aura de cesse de multiplier les déplacements durant la Présidence Française de l'Union Européenne.



Philippe Gortych  est étudiant en relations internationales 


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