Nous venons de célébrer le 20ème anniversaire de la Chute du Mur qui s'est déroulé le 9 Novembre 2009 à Berlin en présences de nombreux chefs d'Etats et de gouvernements et des milliers de simples citoyens rassemblés dans les rues de la capitale allemande ou devant leurs écrans de télévision. Cette commémoration a suscité dans les média et, fait plutôt inhabituel, chez les simples citoyens d'habitude plutôt réservés face à ce type d'événements un intérêt accru, sinon une émotion non dissimulée qui méritent de s'y arrêter pour nous interroger sur sa véritable portée.
Nous avons voulu partager quelques réflexions autour de ce thème en y apportant un regard résolument citoyen soucieux de la réussite du projet européen 5 ans après le grand élargissement à L'Est. Un regard personnel et engagé à la lumière ce qui s'est produit en 1989, donc forcément incomplet et potentiellement toujours sujet au débat.
Partie 1
9 Novembre 2009 : «L'Ode à la joie»
Le fait marquant de cet anniversaire fut selon moi avant tout une lecture résolument historique et européenne qui a été donné aux évènements survenus à Berlin le 9 Novembre 1989 en les inscrivant dans une double dynamique marquée d'un côté par l'histoire de la guerre froide et l'affrontement idéologique entre deux blocs, et le processus progressif d'émancipation des sociétés est-européennes de l'emprise du système soviétique dont la Chute du Mur fut un aboutissement spectaculaire de l'autre.
L'hommage appuyé qui a été rendu à cette occasion à ceux qui ont osé défier ce système et l'idéologie totalitaire qui semblaient pourtant pour beaucoup inébranlables, témoigne d'une reconnaissance de plus en plus approfondie du rôle des mouvements de contestation et de dissidence à l'Est, à commencer par le séisme provoqué par la naissance de Solidarnosc en Pologne et de l'effet de domino qu'il a suscité, dans la compréhension des causes profondes de l'effondrement du communisme soviétique et par conséquent de la division arbitraire du continent.
Ce processus se traduira par la réunification de l'Allemagne au sein de l'Europe réunifiée qui sera parachevée par l'adhésion de 8 pays issus de l'ancien bloc soviétique à l'Union Européenne le 1er mai 2004, 15 ans seulement après les évènements de 1989. Sur le plan historique, il s'agit de bouleversements géopolitiques sans précédent accomplis de manière totalement pacifique dans un laps de temps relativement court dont nous, les Européens, devons tous nous réjouir et être fiers. Envisagée sous cet angle, la Chute du Mur apparaît non seulement comme un moment déterminant pour le destin du peuple allemand qui exprime là son aspiration à l'unité dont il a été privé suite à la guerre, mais également comme un épisode hautement symbolique et un tournant majeur dans l'histoire européenne tout court. Il est donc légitime d'espérer, et la tonalité donnée aux célébrations de cet anniversaire semble le démontrer, que 20 ans après l'année européenne charnière que fut 1989 nos esprits sont enfin prêts à intégrer la véritable signification de ces évènements. Cependant, pour être vraiment bénéfique pour notre avenir commun, il me semble indispensable de prendre le temps de s'interroger sur le message qui nous est adressé, à l'occasion de cet anniversaire, et qui va, c'est ma conviction, bien au-delà de ce moment symbolique de joie partagée et des feux d'artifice.
Krzysztof Kohlmünzer est le président de l'Association Euroconcept. De par sa double culture franco-polonaise, son expérience professionnelle au niveau international et surtout son engagement en faveur de l'Europe, il souhaite apporter sa contribution à la problématique de la construction européenne suite au grand élargissement de l'Union européenne à l'Est tout en militant pour une meilleure connaissance mutuelle et le rapprochement entre les citoyens.
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