C'est avec une réelle émotion que son Excellence l'Ambassadeur de la République Fédérale d'Allemagne, Reinhard Schäfers, recevait ce mercredi 4 novembre ses invités à la chancellerie à l'occasion des vingt ans de la chute du mur de Berlin.
Des jeunes comme symbole de la réunification
Pour ce vingtième anniversaire, le choix était de convier à cette cérémonie à la fois des jeunes nés lors de cette fatidique nuit du 9 novembre 1989 à titre de symbole, ainsi que de jeunes finalistes du concours de journalistes ayant rédigé des articles en lien avec cet événement majeur. Ces derniers avaient été sélectionnés par une journaliste de radio allemande en poste à Paris, ainsi que Henri de Bresson ancien responsable du bureau "Europe" du journal Le Monde. De nombreuses personnalités allemandes et françaises se pressaient à l'Ambassade, notamment Bernard Volker ancien responsable du service de politique étrangère de TF1, l'ambassadeur de Suède qui exerce la présidence de l'Union européenne, ainsi que des parlementaires.
Pour cette soirée mémorable, le gouvernement français n'avait délégué que
le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau ainsi que, il est vrai, le nouveau secrétaire d'Etat aux affaires européennes Pierre Lellouche. Il y a dix ans cependant, le ban et l'arrière-ban de la classe politique française avaient répondu à l'appel de l'invitation de l'ambassadeur d'alors à l'Hôtel de Beauharnais. Mais d'une part, tel n'était pas l'objectif de ce vingtième anniversaire et d'autre part, le président de la République s'apprête à fêter la chute à Berlin avec Angela Merkel le 9 novembre prochain, laquelle sera présente aux cérémonies du 11 novembre à Paris...
Eviter la banalisation
Les deux ministres ont néanmoins évoqué comment ils avaient eux-mêmes connu cette Allemagne séparée et fait part de leur engagement européen personnel, après avoir côtoyé ce pays séparé et vu de leurs propres yeux les fameux " voPos" (les officiers de la Volkspolizei qui surveillaient et patrouillaient le long du mur, notamment à Berlin ). Ils ont également souligné que les jeunes ne devaient pas sous-estimer le rôle qu'ils avaient joué dans la réunification allemande et le poids qu'ils devaient continuer à jouer dans les relations internationales.
S'agissant des journalistes, Pierre Lelouche soulignait avec un sourire en demi-teinte qu'ils pouvaient servir à quelque chose lorsqu'ils parlaient de choses utiles
Tous les intervenants ont également souligné que si la réunification s'était déroulée sans incident majeur, personne ne savait comment cet événement aurait pu virer, quelques mois seulement après le printemps de Pékin et la chape de plomb qui était retombée sur la société chinoise après le soubresaut démocratique de la place de Tien An Men.
Une ambiance de fête
C'est donc dans une ambiance bonne enfant que l'ambassadeur a reçu ses invités.
Cependant, le moment le plus émouvant restera le film rétrospectif réalisé par la chaîne de télévision allemande ARD, retraçant heure par heure cet événement historique montrant des citoyens allemands de l'Est rejoindre leurs compatriotes avec une indescriptible joie, voire avec une stupeur certaine pour les personnes âgées ayant connu les heures les plus sombres de Berlin.
L'objectif aujourd'hui en effet est d'éviter la banalisation de cet événement. Aujourd'hui plus que jamais, les acteurs s'écrivent des deux côtés du Rhin pour promouvoir l'amitié franco-allemande au quotidien, notamment l'Office franco-allemand de la jeunesse qui a été également à l'honneur lors de cette réception.
Pierre Lellouche a enfin annoncé une grande fête place de la Concorde lundi 9 novembre prochain en présence du Premier ministre. Allons fêter l'Europe, la démocratie et la réconciliation franco-allemande !
Patrick Martin-Genier est Maître de conférence à l'Institut d'études politiques de Paris et chroniqueur européen.