L'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne avant la fin de cette année exige la nomination, pour deux ans et demi, d'un président du Conseil européen, qui suscite déjà les passions et l'intérêt du public.
27 Chefs d'Etat et de gouvernement vont choisir une personnalité chargée de préparer, d'animer leurs réunions et de rendre compte de leurs travaux.
Plusieurs possibilités s'offrent à eux.
Ils auraient pu choisir une personnalité très médiatique pour incarner l'Europe sur la scène internationale, à égalité avec les plus grands.
On voit que cette hypothèse ne les enchante guère et qu'il est difficile de trouver une personne de cet acabit qui fasse consensus.
Ils peuvent choisir un habitué des milieux européens, que personne ne connait en dehors des couloirs de Bruxelles.
Ce serait dommage.
Certes, ce président ne sera pas le président de l'Europe mais le président du seul Conseil européen, cette institution désormais consacrée par les Traités, qui rassemble au moins 4 fois par an les dirigeants des 27, qui n'a pas de pouvoir législatif propre mais qui donne les orientations stratégiques et les impulsions politiques dont l'Union a tant besoin.
Il devra incarner la volonté politique des Etats, auprès des autres institutions communes, le Parlement européen, la Commission, mais aussi devant l'opinion publique.
C'est une tache délicate et très politique, pour laquelle il faut trouver "l'oiseau rare". Les chefs d'Etat ne se reconnaissent pas de chef!
Accepteront-ils au moins de se doter d'un symbole?
Une personnalité irréprochable, peu engagée dans la basse politique, d'une haute exigence morale et de grande qualité intellectuelle, parait indispensable.
Elle doit pouvoir nous inspirer de la fierté et savoir faire montre de recul, tout en étant capable de trésors de savoir-faire pour faciliter des prises de décision politiques plus résolues.
Unir plutot que diviser, n'avoir pas d'autre programme que de conduire les leaders de l'Union à exprimer fortement la présence de l'Europe dans le monde et en même temps incarner nos valeurs, voila ce qu'il faut faire à la tete du Conseil européen.
On évoque une femme: ce serait un vrai symbole, tant il est vrai que le respect des Droits de l'Homme, maltraités sur tous les continents, commence d'abord par les droits de la femme, dont l'Europe est la championne.
On espère une personnalité issu d'un pays de petite taille, mais qui incarnerait la culture européenne par son parcours, sa connaissance des langues, ses convictions et son expérience.
Qui soit capable de s'exprimer avec autorité devant le Congrès des Etats-Unis, la Douma russe ou l'Assemblée populaire chinoise!...
On se prend à espérer que l'Union ait l'audace de regarder vers ses adhérents les plus récents qui comptent quelques personnalités de très grande envergure alors que nous fêtons sa réunification.
Bref, on souhaiterait que cette désignation soit un choix politique et non une décision diplomatique de plus, qui décevrait bien des Européens et n'apporterait pas grand chose au fonctionnement de l'Union.
Editorial paru sur le site de : www.jd-giuliani.eu
Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert Schuman
http://www.robert-schuman.eu