Angela Merkel et ses nouveaux alliés libéraux, ont rendu public ce 24 octobre le Traité de coalition qui fixe les grands choix de la politique allemande pour 4 ans.
En 124 pages et 6 136 lignes, dûment numérotées, le contrat de gouvernement de la 17ème législature allemande choisit délibérément la relance de l'économie par la croissance.
L'engagement incontesté de l'Allemagne en faveur d'une politique active de lutte contre le réchauffement climatique, réitéré à cette occasion, ne va pas jusqu'à entériner les appels irresponsables à un nouveau modèle de développement fondé sur la décroissance. D'ailleurs l'abandon du nucléaire civil est remis en question.
L'Allemagne nouvelle accepte le déficit et l'accroissement de la dette.
Elle choisit une politique incitative pour l'activité économique qui passe par la réduction d'impôts, l'augmentation des cotisations des assurés sociaux, pour faire face à l'explosion de la dette sociale due, notamment, au cout du vieillissement de la population.
Elle s'engage à soutenir les entreprises et s'inscrit dans un mouvement européen, déjà constaté en France, en Suède et en Italie, le nouveau ministre des Finances, le puissant Wolfgang Schäuble, gardien des convictions de la CDU, ayant aussi pour tache de ménager la dimension sociale de cette nouvelle politique.
Ainsi se dessinent peu à peu, dans la crise, de nouveaux clivages politiques en Europe.
D'un coté les tenants d'une économie de marché, sociale mais réaliste, de l'autre, comme en Espagne, la poursuite des vieux réflexes de taxation et d'alourdissement des contraintes sur des économies qui n'en peuvent mais.
Pour faire face aux défis que nous lancent les économies émergentes, les premiers ont choisi l'effort, voire l'impopularité, au prix de l'endettement provisoire, les seconds la facilité des recettes habituelles et, vraisemblablement, le risque du déclin.
Le jugement viendra en sortie de crise, mais d'ores et déjà cette première tendance dominante impose à l'Union européenne de nouvelles orientations.
Elle ne peut se contenter des vieilles règles.
Déjà 20 de ses Etats membres, sur 27 sont sous le coup d'une procédure pour déficit excessif de la Commission européenne. Que fera-t-elle lorsque tous seront dans le même cas ?
Et pour l'Euro ?
Face au glissement du dollar et au cynisme chinois quant à la valeur de sa monnaie, l'Europe se trouve au coeur de la redistribution des rapports de force mondiaux.
Accepterons-nous de le laisser trop s'apprécier la monnaie européenne contre nos intérêts, ou affirmerons-nous à nos partenaires, menaces à l'appui, que nous ne serons pas ceux qui paieront jusqu'à la ruine leurs déséquilibres ?
Le Traité de coalition allemand rappelle haut et fort que la relation avec la France est exceptionnelle et seule à même de faire progresser l'Union.
Voila déjà un chantier essentiel à ouvrir ensemble. Il en envisage d'autres, sur la sécurité et la défense commune par exemple, qui devraient permettre de remettre en mouvement une Europe puissante mais frappée par la crise, dont l'assoupissement serait fatal, mais dont les atouts demeurent réels.
Et qui n'a plus qu'à retrousser ses manches.
Editorial paru le 25 octobre le site : http://www.jd-giuliani.eu
Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert Schuman
http://robert-schuman.eu