Les médias le martèlent, le monde traverse une crise comme il n'en a jamais connu. C'est aussi le cas de l'Europe, comme continent, mais aussi comme organisation politique.
Alors que l'Union européenne s'était fixée comme objectif de devenir "l'économie de la connaissance la plus compétitive du monde à l'horizon 2010" dans l'agenda de Lisbonne, il lui faudra plus probablement démontrer en 2010 non pas seulement sa compétitivité mais surtout sa capacité à protéger ses citoyens des effets dévastateurs de la crise.
En se concentrant sur le volet de l'emploi, que fait l'Europe ?
Tout d'abord, il faut voir d'où l'on vient : alors que l'Acte unique européen en 1986 avait lancé les bases d'un véritable marché unique pour les biens, les services, les capitaux et les travailleurs, on constate que ces derniers ont été les moins mobiles. Même si l'on prend en considération la forte mobilité des travailleurs des nouveaux États membres, force est de constater que le volume global des Européens qui vivent dans un État membre qui n'est pas le leur reste ridicule : moins de 2% ! Par ailleurs, la majorité de ceux-ci s'expatrient par amour plutôt que pour raisons professionnelles.
Par ailleurs, les objectifs qui avaient été fixés pour l'Europe à 12 ou à 15 ne prennent pas en compte les spécificités des marchés de l'emploi des douze nouveaux : faiblesse syndicale, forte mobilité professionnelle et spatiale, déficit des services publics de l'emploi, maigres perspectives salariales, etc. Nous avons donc choisi de faire le point sur ces spécificités pour notre dossier afin de montrer qu'au moment où les dix nouveaux États membres de l'Est choisissent de se réunir en amont du Conseil européen informel de Bruxelle, il convient que l'Europe des 27 prenne mieux leurs problèmes spécifiques en compte.
Paru dans la Newsletter de Nouvelle Europe de Mars 2009
Philippe Perchoc est président de Nouvelle Europe
http://www.nouvelle-europe.eu