par Margie Sudre, le jeudi 29 janvier 2009

Interview réalisée par E. Mayrhofer pour le compte de la newsletter de janvier 2009 de la Voix des régions périphériques maritimes (CRPM)


Enrico Mayrhofer : Madame Sudre, pourquoi ce long débat sur la cohésion territoriale lancé par la Commission européenne et qui est aujourd'hui en discussion au Parlement, est-il important pour les Régions Ultrapériphériques ?

Margie Sudre : Le traité de Lisbonne, toujours en cours d'adoption par les Vingt-sept, fixe la cohésion économique, sociale et territoriale parmi les priorités de l'Union. La dimension territoriale est une nouveauté, un concept appelé à prendre de l'importance, et à être décliné par les politiques communautaires. Mais pour l'heure, ni le Conseil, ni la Commission, ne sont parvenus à en donner une définition concrète. On considère actuellement que la "cohésion territoriale" consiste à garantir le développement harmonieux de tous les territoires de l'Union, et à permettre à leurs habitants de tirer le meilleur parti des caractéristiques propres à chaque région européenne. Ce postulat me semble être particulièrement pertinent pour une prise en compte spécifique des RUP, afin de leur assurer un développement durable, basé sur la mise en valeur de leurs atouts.


EM : Etes-vous satisfaite du rapport van Nistelrooij ?


MS : Le projet de rapport de M. van Nistelrooij est un peu timide, moins ambitieux que les prises de position précédentes du Parlement européen à ce sujet (notamment le rapport de mon ami Ambroise Guellec). En effet, le PE insiste depuis plusieurs années pour que la cohésion territoriale soit applicable dès l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, et par conséquent que ses contours soient précisés dès que possible. Le rapporteur n'est pas assez critique à mon goût vis-à-vis de l'indécision affichée par la Commission. Je pense que notre travail en commission du développement régional va consister à "muscler" ce texte, et je suis certaine que le rapport qui sera finalement adopté par le Parlement européen aura gagné en épaisseur et en force.


EM : Notre Secrétaire général, Xavier Gizard, a affirmé pendant l'audition d'aujourd'hui, que la politique de cohésion pourrait s'inspirer de la vision intégrée de la politique maritime. Etes-vous d'accord ?


MS : C'est en effet un bon exemple. De façon générale, il est indispensable de coordonner l'impact territorial de toutes les politiques communautaires sectorielles sur un territoire donné. Le but n'est pas de minimiser l'importance et l'autonomie de la politique régionale. Une approche intégrée doit permettre de maximiser l'impact des interventions structurelles sur le terrain, et d'en faire bénéficier les citoyens européens. A cet égard, après avoir étudié la communication de la Commission intitulée "Les RUP : un atout pour l'Europe", publiée presque en même temps que le Livre vert sur la cohésion territoriale, il m'apparaît qu'on applique à l'ultrapériphérie l'ensemble des recommandations relatives à l'amélioration de la gouvernance en matière de politique de cohésion. La politique de l'Union en faveur de ses RUP est peut-être la première illustration, un peu anticipée, de la mise en œuvre de la cohésion territoriale…


Interview réalisée par E. Mayrhofer
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Margie Sudre est Conseillère Régionale de La Réunion (FR) et Députée européenne, membre de la Commission du Développement Régional et de la Commission de la Pêche. Ancienne Secrétaire d'Etat chargée de la Francophonie sous le gouvernement d'Alain Juppé (1995-1997), elle est à présent Présidente de la délégation française du groupe PPE-DE et Présidente de l'Intergroupe Tourisme du Parlement européen. 

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