par Jean-Dominique Giuliani, le mercredi 20 janvier 2010

Le Traité de Lisbonne est entré en vigueur le 1er décembre 2009.
Depuis cette date, les mauvaises nouvelles internationales s'accumulent pour l'Europe.


La Conférence de Copenhague a constitué une humiliation réelle.

L'accord final a minima s'est écrit entre puissances, sans l'Europe.
Comme quoi l'exemplarité ne suffit pas à convaincre et le manque d'unité ne pardonne pas quand on parle avec les Grands!

Les nominations du Président du Conseil européen et de la ministre des Affaires étrangères européen ont déçu parce qu'elles n'ont pas donné la preuve que les décideurs étaient prêts à compter collectivement sur la scène internationale.

Les débuts de la présidence tournante espagnole ont surpris.
Madrid a préféré six mois d'initiatives médiatiques un peu brouillonnes plutôt que de conforter tout de suite les nouvelles institutions, et de surcroît sans grand succès.

Dans l'aide à Haïti si cruellement frappée, la nouvelle ministre des Affaires étrangères européen n'a cru devoir mettre en oeuvre une action commune de sécurité civile proposée depuis des années par moult rapports.
On sait depuis longtemps ce qu'il faut faire et comment le faire. C'était une occasion unique. Tout le monde a compris que l'Europe paiera, comme d'habitude sans aucun bénéfice politique.

Enfin les auditions des nouveaux commissaires européens par le Parlement européen ont été l'occasion de petits règlements de comptes politiciens et ont confirmé que l'Assemblée de Strasbourg n'avait pas encore atteint la maturité d'un Sénat américain.

N'ayant pas l'audace de remettre en cause le choix contestable de la Britannique Ashton à la tête de la diplomatie européenne, le Parlement s'est vengé par une mise sur le grill des membres de la Commission, peu élégante, mal organisée, qui confondait le fond et la forme, permettant vraisemblablement l'investiture de personnalités plus techniciennes que politiquement compétentes et affaiblissant ainsi l'Exécutif européen qui n'en avait pas besoin.

Il y a urgence à rectifier le tir!

Une bonne utilisation des dispositions du Traité de Lisbonne, pour le meilleur profit des Etats membres et de l'Union, doit se concrétiser dans une pratique institutionnelle de tous les jours qui soit différente et qui ne peut faire l'économie d'une vision globale et plus ambitieuse de la place et du rôle de l'Europe dans le concert mondial.

Elle doit y compter à la mesure de sa force économique.
Elle doit se battre pour sauvegarder son modèle de société, imposer les régulations nécessaires, faire partager sa conception des relations internationales.

Et pour cela se doter des attributs normaux du jeu international, c'est-à-dire l'unité de décision et de parole ainsi que la crédibilité matérielle de la force armée.

Faute de quoi les décisions continueront à être prises ailleurs. Beaucoup ne s'inquiètent pas que ce soit à Washington, capitale de notre meilleur allié.
Ils commenceront à comprendre quand ce sera à Pékin!

Editorial paru sur le site de Jean-Dominique Giuliani

http://www.jd-giuliani.eu



Jean-Dominque Giuliani est président de la Fondation Robert Schuman

http://robert-schuman.eu

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