On croit rêver lorsqu'on apprend que, sous Présidence semestrielle autrichienne, deux évènements qui concernent directement les Régions et les Villes sont organisés sans elles, sans la plate-forme des organisations européennes qui les unit :
- en avril, un séminaire sur la subsidiarité,
- en juin, un autre sur la cohésion territoriale.
Nous voici revenus au concert des Nations du Congrès de Vienne !
Il ne suffit pas d'animer une "phase de réflexion" sur l'avenir du projet de Traité Constitutionnel ; si, après l'avoir adopté, les 25 Etats membres n'en mettent pas les avancées en pratique, nos concitoyens, à nouveau, s'interrogeront sur l'écart entre les proclamations et les actes.
Nos Chefs d'Etat et de Gouvernement avaient su faire preuve d'audace pour :
- décliner enfin la subsidiarité en deçà des frontières de chacun des Etats, reconnaissant les Régions et les Villes comme des actrices de l'Union dans leurs champs de compétences ;
- identifier les compétences partagées nécessitant que tous les acteurs concernés soient associés aux mécanismes de préparation et d'exécution ;
- faire de la cohésion territoriale l'un des objectifs de l'Union.
Est-ce au nom de ces principes que, dans certains Etats, ni l'allocation du FEDER, ni celle du FEADER, ni la carte des Aides d'Etat à finalité régionale ne sont mises en discussion avec les Régions et les Villes ?
Est-ce au nom des mêmes principes que la révision des Réseaux Trans-Européens de Transport et les allocations financières seront faites sur la base de 25 cartes nationales sans un mécanisme systématiquement organisé de consultation des Régions ?
La Commission européenne, pour sa part, a progressé dans la mise en uvre de mécanismes de gouvernance plus conformes à l'esprit du projet de Traité à travers le "dialogue structuré" qui réunit, thème par thème, les organisations européennes et nationales d'autorités régionales et locales, le Comité des Régions assurant son organisation. Le Parlement européen y prête une oreille plus attentive.
Reste au Conseil à faire sa mue. Comme pour la Stratégie de Lisbonne, il y va de la crédibilité des proclamations politiques. Nous ne pouvons, sur ce point, que reprendre à notre compte le diagnostic du Président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso : nos concitoyens ont besoin d'actes concrets et de résultats !
Xavier Gizard est Secrétaire général de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes.
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