Salué par le Président du Parlement européen, M Hans-Gert Pöttering, comme un élément de nature à réchauffer les relations entre l'Union européenne et les EtatsUnis, l'élection du 44° Président des Etats-Unis risque, une fois l'euphorie passée, de mettre rapidement l'Union européenne sous pression.
Si la victoire de Barack Obama est d'abord le résultat d'une campagne électorale menée de façon remarquable, elle est aussi celle d'un pays lucide sur les errements de la présidence de George W. Bush, une présidence dont l'impopularité a malheureusement battu tous les records.
D'un point de vue strictement européen, faut-il le rappeler, ni le rejet du Protocole de Kyoto, ni l'invasion de l'Irak, ni l'ouverture du camp de Guantanamo, ni le recours sacralisé à la dérégulation économique, ni la montée en puissance du conservatisme moral ne pouvaient entraîner ladhésion de l'opinion publique européenne. Qu'en sera t-il demain ?
Confronté à de graves difficultés économiques, la priorité du prochain Président américain sera de toute évidence "intérieure" avec le risque non négligeable d'un possible retour, sur le plan commercial, à un protectionnisme "Made in USA".
Par ailleurs, sur le plan social, n'en déplaise à Michael Moore, il serait naïf d'imaginer une profonde remise en cause des fondamentaux du système d'assurance santé américain à l'image des dispositifs de solidarité nationale développés dans les pays européens. L'évolution, si évolution il doit y avoir, relèvera plus de lajustement marginal que de la reforme structurelle.
Enfin, force est de reconnaître que l'Union européenne n'a jamais constitué un thème dominant de la campagne électorale. Seule la crise géorgienne a permis de braquer les projecteurs de l'actualité américaine sur une zone géographique méconnue d'une grande partie de la population américaine.
En réalité, outre le maintien des troupes de la coalition en Irak, un pays et un sujet permettront d'apprécier les futures convergences ou divergences
entre l'Union européenne et les Etats-Unis. Il s'agit de l'Afghanistan et de la définition des nouveaux modes de régulation à mettre en place pour éviter les dérives du capitalisme financier.
Sur le premier sujet, la volonté de Barack Obama d'intensifier, dans le cadre de l'Otan, la présence militaire des Etats-Unis en Afghanistan a été clairement exprimée. Reste à savoir si les européens se satisferont longtemps encore d'une chaîne de commandement éclatée et d'une stratégie dont les faiblesses se ressentent désormais aux portes de Kaboul.
S'agissant des nouveaux modes de régulation, le choc risque d'être plus frontal tant les cultures économiques entre les deux rives de l'atlantique sont différentes. Or, même si Barack Obama est manifestement doté d'une intelligence humaine très nettement supérieure à celle de son prédécesseur, son rôle, ne l'oublions pas, est avant tout de défendre les intérêts de son pays, un rôle que la majorité démocrate à la Chambre des représentants saura lui rappeler avec insistance.
En conclusion, si aujourd'hui, l'Union européenne n'a aucune raison de douter de la sincérité du nouveau Président américain, il nen reste pas moins un " objet idéologique non identifié" dont les exigences à légard de l'Union européenne pourraient très vite fragiliser la cohésion européenne
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Xavier Grosclaude est diplômé en sciences politiques et en droit communautaire. Membre de plusieurs think tanks français, il combine une double expérience des affaires européennes en France et au Royaume-Uni.