L'Europe attend beaucoup de l'élection d'un nouveau président américain. Nombreux sont les Européens qui souhaitent le succès d'Obama, en espérant qu'il rompra avec les échecs de l'administration sortante. Pourtant, rien n'est moins sûr.
L'Amérique, quel que soit l'élu du 4 novembre, défendra pied à pied les privilèges hérités d'un XXème siècle qui fut, pour elle, glorieux. Elle peut aussi, face aux difficultés, basculer dans l'isolationnisme et le protectionnisme, ou au contraire, profitant d'une image restaurée, choisir la fuite en avant de l'unilatéralisme.
Elle lance ainsi à l'Union européenne un nouveau défi, qui va se révéler dès le 15 novembre, lorsque se réuniront les représentants des 20 plus grandes économies de la planète, pour mettre un peu d'ordre dans les finances mondiales, qui ne peuvent être durablement organisées autour du financement des déficits d'un seul, pour acter qu'il n'y a plus de monnaie dominante et pour instaurer une discipline commune minimum, parce que l'économie n'est pas un jeu de casino, mais les richesses produites par et pour des femmes et des hommes.
L'Europe va-t-elle enfin s'accepter pour ce qu'elle est, c'est-à-dire d'ores et déjà, à 27, la première puissance économique du monde par le PIB, et se présenter unie devant ses partenaires mondiaux pour participer à l'établissement d'un véritable ordre économique international? En effet, bien que les Etats-Unis demeurent l'allié privilégié, elle a désormais ses propres intérêts, fondés sur ses réussites, monétaires avec l'Euro, économiques avec le plus grand marché de consommation du monde, politiques avec un concept de solidarité envié, et morales avec sa réticence à régler les différends internationaux par la force. N'étant pas un Etat, tous ces attributs ne font sa puissance que si elle est unie. Le sera-t-elle pour les convaincre et ainsi éviter le déclin des valeurs que nous portons?
Voila une nouvelle tâche pour la présidence française, bien commencée par un président qui s'est débarrassé des irritations transatlantiques inutiles, pour se concentrer sur l'essentiel: faire la preuve que l'Union apporte une contribution déterminante à la résolution des crises diplomatiques, économiques et financières, c'est-à-dire que le modèle européen est adapté au nouveau monde et porteur d'une volonté et d'un message pour l'avenir.
Editorial paru sur le site:
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Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation robert-Schuman
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