par Thomas Dumoulin, le jeudi 31 juillet 2008

La PAC a connu de multiples réformes au cours de son histoire. L'agriculture française, qui est la première bénéficiaire de cette politique, avait obtenu sous la présidence de Jacques Chirac l'assurance que le montant absolu des ressources de la PAC serait gelé jusqu'en 2013. Datant de 2003 dans sa version actuelle, la PAC ne sera donc véritablement réformée qu'à cette date, au moment de la révision du budget. Ses bilans de santé devraient permettre d'aboutir, sous Présidence française, à l'adoption d'une série de corrections avant toute redéfinition des perspectives financières. La France a décidé d'anticiper très tôt (dès 2007) le débat sur la PAC, avec la Commission notamment, afin d'utiliser la position que lui offre la présidence du Conseil pour façonner le débat et peser d'un plus grand poids dans les futures négociations. Une stratégie qui ne fait pas l'unanimité.


I La PAC menacée, un débat anticipé


Selon le Think tank "Notre Europe" et selon de nombreux représentant du monde agricole français , la France doit éviter un véritable haro budgétaire de ses partenaires en 2009 sur le projet agricole commun qui la favorise assez directement. On sait déjà que pendant l'année qui suivra la présidence française, la PAC perdra le rang de premier poste budgétaire de l'UE qu'elle occupe depuis 50 ans, au profit de la politique régional. Les attaques seront certainement très âpres sur celle-ci, et les anglais et les commissaires concernés ont déjà eu des mots très durs à son encontre, la tenant en partie responsable de la crise alimentaire mondiale en mai 2008 .

La PAC est menacée d'abord dans son équilibre budgétaire, dans la mesure où les équilibres qui avaient maintenu le niveau de financement actuel n'ont plus cours, ensuite dans ses équilibres internes : l'arrivée de nouveaux pays va accroître la pression sur le budget agricole (Roumanie, Pologne).

Rappelons qu'il y a encore quelques mois, la PAC ne figurait pas au menu de la présidence comme un enjeu prioritaire. Il semble bien que les politiques français n'aient pris conscience que progressivement de ces menaces et de l'importance de la présidence pour y faire face.


II Anticiper, au risque de froisser ses partenaires


Cette volonté de déclencher avant même la Présidence un débat sur la PAC a commencé à Rennes dès la fin 2007. Le président Sarkozy y annonçait son intention de proposer une rénovation de la politique agricole commune (PAC) lors de la Présidence française de l'UE en 2008. "Pourquoi attendre 2013 pour discuter de la réforme de la PAC ?, s'interrogeait il également lors de son discours d'inauguration du salon de l'Agriculture, en février 2008. "Il faut s'y préparer dès à présent pour éviter que le débat agricole ne soit submergé par celui des perspectives financières 2013-2020" , avait justifié le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier. Depuis, même si la présidence slovène a également mis le sujet sur la table, il semble bien que sur ce sujet la présidence française ait commencé avant le premier juillet tant le dialogue a été intense entre Paris et Bruxelles en juin. Certains regrettent une anticipation trop grande dans une logique de défense d'un intérêt national contraire à l'esprit d'une présidence. Berlin se méfie ainsi de la volonté française d'engager, sous sa présidence, la discussion sur l'avenir de la politique agricole commune à la lumière de la crise alimentaire mondiale. "Nous disposons de trop peu d'éléments pour mener un débat sérieux", souligne une source proche du gouvernement allemand. "Les Français ont découvert qu'en 2012, 2013, ils ne seront plus bénéficiaires nets de la PAC. Pour la première fois, on risque de trouver l'Allemagne freinant une réforme et la France poussant" , souligne l'eurodéputé vert allemand Daniel Cohn-Bendit.


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