par Emmanuel Dupuy, le dimanche 27 janvier 2008

Nicolas Sarkozy s'est rendu, pour la première fois, dans plusieurs pays du Golfe persique. L'Arabie Saoudite, le Qatar et les Emirats Arabes Unis ont reçu ainsi le Président de la République, après Georges Bush qui sillonne lui aussi la région, non sans leur avoir fait la leçon vis-à-vis de l'Iran…


Inédite à plus d'un titre, cette visite dans une région où les pétro-dollars sont en quête de nouveaux partenaires se situe néanmoins dans la foulée des précédentes visites dans plusieurs pays du Maghreb. L'Algérie et la Libye, ont aussi vu la France sceller un dialogue parfois difficile sur fond de coopération en matière d'énergie nucléaire.

En effet, outre d'hypothétiques contrats d'armement, sur lesquels il ne faut se faire que peu d'illusion - Washington veille scrupuleusement…-, cette visite vient confirmer que le savoir faire français en matière de nucléaire civil est un nouvel élément non négligeable quant à la réaffirmation de l'influence française.

Il n'est ainsi pas innocent, qu'Anne Lauvergeon, PDG d'Areva, soit de tous ces voyages présidentiels. Les fortes demandes en Asie centrale et orientale constituent très certainement les futures frontières de ce nouveau "grand jeu".

Le choix du nucléaire civil comme "sésame" des ambitions économiques et diplomatiques française est un pari risqué, mais qui pourrait s'avérer payant, comme le fut le pétrole pour les Américains, qui leur ouvrit en grand les portes du Moyen-Orient.

Choix audacieux, qui correspond à un coût désormais exorbitant des hydrocarbures et qui répond avant tout à un besoin énergétique de pays en forte croissance, pour lesquels le recours à cette source d'énergie n'est pas incompatible avec l'engagement en faveur de sources alternatives et un euro qui nous est favorable…

Les sceptiques diront que ces démarches sont avant tout une diplomatie du carnet de chèques ; les plus alarmistes, que nous "armons" la main de potentiels "faux-amis" ; la réalité n'est-elle pas tout simplement que nous voulons jouer sur l'échiquier international avec les mêmes atouts majeurs que certains de nos partenaires utilisent déjà ?

La différence semble être que nous l'affirmons, sans faux semblant, réalisant que la fin justifie encore les moyens !






Président
Institut Prospective et Sécurité en Europe
www.ipse-eu.org


Emmanuel Dupuy est président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe

http://ipse-eu.org

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