par Patrick Martin-Genier, le lundi 07 décembre 2009

Alors que l'on aurait pu prendre le temps de se réjouir de la mise en place effective des institutions issues du traité de Lisbonne, voici que la répartition des postes vire à la foire d'empoigne.


Des débuts laborieux des nouveaux promus


Le nouveau président du conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement ne suscite guère d'enthousiasme en Europe, vu qu'il s'agit d'un inconnu du grand public et qu'il n'a jamais joué quelque rôle que ce soit sur la scène européenne. D'ailleurs, en prenant ses fonctions, il a appris qu'il ne présiderait pas tous les conseils ministériels spécialisés de l'Union européenne…

La baronne Ashton, devenue "ministre des affaires étrangères" de l'Union européenne n'affiche guère d'expérience en la matière, même si elle a été commissaire dans la commission Barroso I. Mais qu'on se rassure : lors de son audition devant le parlement européen au lendemain de sa nomination, elle a déclaré qu'elle exercerait au mieux son poste en déclarant "je suis très intelligente"(sic !). Qu'on se le dise.

A la question de savoir s'il n'existait pas une ambiguïté quant à son positionnement à cheval sur la commission et le conseil et où elle comptait installer ses bureaux, celle-ci a déclaré qu'elle resterait à la commission européenne, vu qu'elle savait où se trouvait la machine à café, ce qui est, semble-t-il, une marque de sa grande intelligence…


La polémique "Michel Barnier"


Michel Barnier, qui est le commissaire désigné au marché intérieur, suscite également la controverse Outre-Manche. Il faut dire que Nicolas Sarkozy n'y est pas allé par le dos de la cuillère en estimant que la Grande-Bretagne était la "grande perdante" de cette course à la réparation des postes au sein de la commission européenne suscitant l'ire de la presse britannique et la colère du premier ministre britannique, Gordon Brown.

La riposte n'a pas tardé à venir : le directeur général qui travaillera sous l'autorité de Michel Barnier sera britannique. Ce haut fonctionnaire ne sera pas là pour travailler sous l'autorité du commissaire, mais pour l'avoir au coin de l'œil voire le contrer dans son action quotidienne, les Anglais voyant en Michel Barnier un dangereux régulateur à la limite du socialisme intégral…Cela est consternant de voir un haut fonctionnaire dont la mission sera d'alerter la Grande-Bretagne sur les irresponsabilités supposées de Michel Barnier qui, franchement, n'a rien d'un dangereux trotskiste…


Une maladresse de Nicolas Sarkozy


Comme si cela ne suffisait pas, voilà que Nicolas Sarkozy s'en est mêlé : il a fait savoir qu'il envisageait de se rendre à Londres avec, sous le bras, Michel Barnier, son protégé. Une maladresse de plus ! On ne promène pas avec un commissaire comme un trophée pour l'exposer à ceux qui ont été humiliés dans cette affaire…

La rencontre, qui était prévue pour la semaine dernière, a donc, d'un commun accord, été annulée. D'ailleurs, Michel Barnier lui-même avait senti le piège et avait fait connaître sa décision de ne pas se rendre à Londres avec le président de la République. En effet, un commissaire est avant tout un responsable politique indépendant des Etats membres…

Enfin, comble de la confusion, Michel Barnier refuse aujourd'hui de recruter un Britannique à son cabinet. La haute représentante s'est vue intimer l'ordre de ne pas recruter un Français à son cabinet. La guerre des postes ne fait que commencer.

Au fait, quel est le programme de travail de ces responsables ?


Patrick Martin-Genier est Maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, expert des affaires européennes.

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