La crise financière et de confiance dans le système économique mondial de ces derniers mois a permis à l'Europe de prendre conscience du rôle et du poids qui peuvent être le sien sur la scène internationale.
Devant une Amérique affaiblie, George Bush ayant connu une pénible fin de mandat, le nouveau président américain Barack Obama s'est mis au travail rapidement, malgré les déboires qui lui a imposé le Congrès s'agissant de la nomination de ses ministres.
Lors de son discours devant le Parlement européen le 21 octobre 2008 en tant que président de l'Union européenne, le président français avait avancé des idées de gouvernance face à cette situation qui, malgré l'apaisement sur le front strictement monétaire, continue à se dégrader sur le plan de l'emploi. Ainsi, l'idée d'un "gouvernement économique", même si elle fait grincer des dents, est frappée du coin du bon sens.
Elle part du constat de la difficulté de plus en plus réelle et concrète de prendre des décisions d'envergure de façon consensuelle et concertée avec les vingt-sept pays de l'Union européenne. On sait, même si on n'ose pas toujours le dire clairement, que faute d'une adoption rapide d'une réforme institutionnelle majeure, comprenant le traité de Lisbonne, le système actuel est condamné à l'inefficacité.Il faut espérer que la crise politique que vit aujourd'hui la République tchèque, qui préside l'Union européenne jusqu'au mois de juin, n'aura pas de répercussion négative sur la ratification, par ce pays, du traité de Lisbonne.
Il était tabou il y a encore quelques mois, de parler d'une Europe "à deux vitesses". Dans les faits, celle-ci vient de s'imposer avec la gestion de la crise économique et financière par les plus grands pays de l'Union européenne, même si cela continue à faire grincer des dents.
Les décisions qui s'imposaient ont été prises et la surveillance du système bancaire est plus que jamais à l'ordre du jour, même si cela ne doit pas aller jusqu'à tenter de toucher à l'indépendance de la Banque centrale européenne. Cependant, entre atteinte à l'indépendance et dialogue, il y a une grande nuance. La BCE et le système européen des banques centrales ne sauraient être insensibles à ce qui se passe en Europe sur le plan du crédit et de l'emploi. Ne serait-ce parce qu'aussi bien les Etats-Unis que les pays émergents n'hésiteront pas à utiliser tous les outils et pouvoirs dont ils disposent pour défendre à la fois leurs banques, leurs entreprises et
leurs balances commerciales.
Les débuts de l'administration Obama sont éloquents sur ce plan. Alors que le président américain, qui a suscité une vague d'espoir sans précédent depuis l'élection de John Fitzgerald Kennedy à la présidence des Etats-Unis s'apprête à fouler le sol européen, il est non moins indispensable de présenter un front uni pour faire valoir notre propre point de vue sur les plans économique et monétaire. Les échos venus d'outre-Atlantique ne sont guère rassurants : l'Europe est soupçonnée de faire toujours preuve d'un trop grand protectionnisme, tandis que des reproches de timidité dans le plan de relance économique ont été formulés à mots couverts à Washington.
Enfin et également, au moment où la France vient de réintégrer le commandement militaire de l'OTAN, il s'agit maintenant de démontrer en quoi la marge de manuvre des Européens dans le cadre d'un réel partenariat euro-atantique pourra être préservée
Patrick Martin-Genier est Secrétaire Général de l'association Jean Monnet