par Xavier Grosclaude, le vendredi 23 janvier 2009

Si les partis politiques, toutes tendances confondues, sont déjà très investis dans les élections régionales de 2011… en revanche, pour les élections européennes de 2009, la réalité semble tout autre.


Entre le départ progressif des "vétérans" du Parlement européen (Michel Rocard, Jean-Louis Bourlanges …) et le refus déconcertant des "nouveaux entrants" en politique d'aller siéger au Parlement Européen, il y a place pour tous les sortants quels qu'ils soient (actuels députés européens, candidats battus aux dernières élections législatives ou sénatoriales, ministre ou secrétaire d'Etat en déshérence voire en disgrâce …) plus ne l'oublions pas tous les "vu à la télé" qui généralement, à l'instar d'un Jean-Marie Cavada se découvrent une vocation européenne aussi tardive qu'opportune lors de la constitution des listes.

De fait, faut-il s'étonner du désintérêt des français pour une élection perçue à tort sans enjeux ? La réponse est "non" d'autant que les sujets qui seront abordés durant la campagne risquent, à l'image des précédentes campagnes, d'être suffisamment polémiques, avec les marronniers de la Turquie, les organismes génétiquement modifiés, ou l‘adoption par les homosexuels…pour occulter les vrais sujets. Aussi, même si cela, j'en conviens, est consternant l‘élection d'un conseiller général d'un canton grand comme un mouchoir de poche aux responsabilités diluées dans le magma des lois sur la décentralisation est aujourd'hui encore "la" priorité des états-majors politiques !

Idéalement, il faudrait utiliser la prochaine campagne électorale pour émanciper les français des discours infantilisants sur l'Union Européenne. Nourris aux questions institutionnelles depuis leur plus tendre enfance, les français oublient souvent leur appartenance à la première puissance commerciale du monde. Aussi, projeter sur l'Union le goût des politiques français pour les "mécanos politico-institutionnels" ne facilite pas la compréhension des véritables enjeux (énergétique, alimentaire, industriels, militaires…). De même, partir de la culture sociale française pour seule grille d'analyse des problématiques européennes c'est leurrer les français sur la réalité des enjeux futurs.

D'une manière générale, faut-il le rappeler, l'Union Européenne n‘a pas vocation à devenir un "espace de protection" sur le modèle étatique mais un " espace de cohésion, d'anticipation et de projection" garant du bien-être futur de ses peuples. Aujourd'hui, l'enjeu majeur n‘est pas de renforcer, encore et toujours, l'arsenal juridique européen pour être mieux protégé mais d'être en capacité de gérer collectivement et efficacement des risques futurs en mesure d'affaiblir durablement le continent européen dans son ensemble.

Ce rappel fait, il reviendra au futur Parlement Européen de faire pression sur la Commission pour qu'elle retrouve rapidement le chemin de l‘audace et de l'initiative. En effet, il est temps pour la Commission européenne de reprendre ses esprits et de faire œuvre de créativité loin des certitudes académiques et des conservatismes intellectuels cultivés avec amour dans toutes les capitales européennes.

De toute évidence, chacun en conviendra, l'heure n‘est plus au joutes oratoires stériles sur la virgule du troisième alinéa du paragraphe quatre de l‘article trois du Traité de Lisbonne, mais à la définition de puissantes synergies européennes dans des domaines clés, comme par exemple, les sciences du vivant, vecteur de développement et de progrès.

Pour ce faire, le Parlement européen n'a pas besoin d'"élus par défaut, nostalgiques de leur cocarde" au Parlement européen mais d'hommes et de femmes politiques désireux de construire l'avenir de l'Europe dans un dialogue constant avec les autres institutions européennes et les électeurs français mais pas uniquement, Europe oblige…


Xavier Grosclaude
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Xavier Grosclaude est diplômé en sciences politiques et en droit communautaire. Membre de plusieurs think tanks français, il combine une double expérience des affaires européennes en France et au Royaume-Uni.  

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