par Mouvement Européen‐France, le jeudi 28 juin 2012

Pour sauver ses banques, l'Union européenne a prêté, le 11 juin dernier, 100 milliards d'euros à l'Espagne, par l'intermédiaire du FESF (Fonds européen de Stabilité financière). Les banques espagnoles ont peut‐être été sauvées, mais pas l'Espagne, ni l'euro, ni l'Union européenne : dans les jours qui ont suivi, les marchés ont sévèrement réagi, le taux d'intérêt de la dette espagnole atteignant des valeurs historiques.


Pourquoi ? Les « marchés » ne sont certes pas les porte‐parole de la société, ils reflètent néanmoins un sentiment partagé par de nombreux citoyens et acteurs de la société : le manque de confiance dans les actions de l'Union européenne.
Depuis trois ans, les Chefs d'État et les représentants des gouvernements des pays de l'Union décident – sans réelle consultation démocratique – ici, un plan de sauvetage de tel ou tel pays, là, un mini‐traité pour consolider telle ou telle action…

Mais ces mesures, aussi nécessaires soient‐elles, sont vues comme étant prises « à la petite semaine », sans sembler faire partie d'un plan cohérent. Alors des voix s'élèvent, que ce soit pour dénoncer l'austérité qui accompagne la nécessaire rigueur, ou pour exiger de vrais plans de relance, ou enfin pour prôner plus d'intégration économique, fiscale, voire politique.

Et là est la vraie question : tant que l'on n'aura pas clairement dit quelle direction doit prendre l'Europe, la confiance n'existera pas. Ni chez les citoyens, ni dans les « marchés ». On le réalise même à l'extérieur de l'Europe : « Au bout du compte, la solution historique pour l'Europe serait une meilleure
intégration dans une union politique et budgétaire, selon des modalités capables de mettre un terme au "déficit démocratique" et de rendre les institutions européennes plus responsables devant les citoyens. Cela a
toujours été implicite dans le projet d'union monétaire. » (Niall Ferguson, professeur d'histoire de l'économie à l'université Harvard et Nouriel Roubini, professeur d'économie à l'université de New York – Le Monde, 11 juin 2012).

Certainement la rigueur, aussi nécessaire soit‐elle, doit être aménagée dans certains cas ; bien sûr la relance de la croissance est nécessaire ; non moins nécessaire est la pression démocratique pour la poursuite de l'intégration politique européenne. Même au prix de la perte de certains éléments de la souveraineté nationale. De toute manière, que reste‐t‐il de cette souveraineté quand ce sont les marchés qui décident ?


Mouvement Européen‐France

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