par Xavier Grosclaude, le mercredi 26 novembre 2014

Le dernier rapport de l'Observatoire International de la Francophonie est sans appel si le français jouit d'une dynamique positive dans le monde cette dynamique est contrariée en Europe avec une diminution du nombre de locuteurs.


En 2014, sur 102 pays et territoires près de 274 millions de personnes sont capables de s'exprimer en Français. Aujourd'hui, le français est la langue première en France et dans les territoires d'outre-mer, au Québec, dans la Fédération Wallonie-Bruxelles, en Suisse romande et à Monaco... Mais aussi au Liban, au Luxembourg, en Ontario ou au Nouveau-Brunswick... et de plus en plus en Afrique, au Gabon, au Cameroun, au Congo.



À long terme, le rapport indique qu'en se basant sur les projections démographiques de l'Organisation des Nations-Unies, la population des pays ayant le français comme langue officielle dépassera celle des pays réunis par d'autres langues officielles communes : l'allemand, le portugais, l'espagnol et même l'arabe. Par ailleurs, réalité peu connue, les plus gros bataillons d'apprenants de la langue française se situent dans des pays aussi divers que les États-Unis et le Costa Rica, le Brésil et le Mexique, la Syrie et l'Ouzbékistan, le Nigeria et l'Angola, l'Inde et la Chine ou encore l'Australie.



Au total et en moyenne, depuis 2010, la progression des apprenants du français, comme langue étrangère, est de + 6 % au niveau mondial avec une évolution de + 7 % en Afrique du Nord et au Moyen-Orient , + 44 % en Afrique subsaharienne, + 43 % en Asie et en Océanie, + 2% en Amérique et aux Caraïbes mais - 8 % en Europe !



Tout militaire le sait « qui tient le haut, tient le bas » or à Bruxelles, le haut échappe à la langue française. C'est un secret de polichinelle, le plurilinguisme consacré dans les textes de l'Union européenne fait place depuis plusieurs années maintenant à un monolinguisme de fait laissant beaucoup de place à l'unité mais peu à la diversité…



En 2014, il est permis de se poser quelques questions simples. Le monolinguisme est-il la meilleure façon de stimuler la créativité intellectuelle ? Pas certain, est-ce un facteur de cohésion au service de l'innovation ? Pas évident, est-il une bonne option sur le plan financier, à prouver… car la déperdition intellectuelle liée à la nécessité de travailler dans une langue autre que sa langue maternelle a un coût caché celui de la non qualité, coût jamais budgété mais réel.



Aujourd'hui, soutenir le plurilinguisme au niveau des institutions européennes est un impératif majeur pour la France si elle ne veut pas cautionner une approche simplement utilitariste des langues motivée par des considérations purement financières sans dynamique au regard des enjeux de la construction européenne.

Si le français n'est pas une langue comme les autres mais « la seule langue, avec l'anglais, qui présente les caractéristiques d'une langue mondiale » dixit Imma Tor, Chef de la Division de laLangue française à l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), il serait dommage pour l'Union européenne de s'enfermer dans un monolinguisme réducteur à l'heure ou de célèbres journaux, comme le New-York Times, optent pour le plurilinguisme...




Xavier Grosclaude est Délégué Général de Fenêtre sur l'Europe

[ http://www.francophonie.org/L-Observatoire-de-la-langue.html ]

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