par Anna Sargsyan, le lundi 20 août 2007

Dans une conférence-débat organisée par Europartenaires
le mercredi 6 juin, Véronique Cayla, directrice générale du CNC (Centre National de la Cinématographie), a partagé ses réflexions sur l’avenir du cinéma européen.


Comment se porte le cinéma européen vu l’omniprésence des films américains ?
En effet, la part des films américains diffusés en Europe dépasse les 70%, alors que seul 6% des films européens réussissent à passer les frontières du pays où ils sont produits. Néanmoins, la bonne nouvelle est que le cinéma européen est un marché dynamique produisant environs 900 films chaque année. Un bémol doit être toutefois ajouté car ce dynamisme ne concerne pas tous les pays de l’UE, le marché européen étant extrêmement fragmenté.

L’intervenante a attiré notre attention sur le fait qu’actuellement le cinéma national voire régional, ainsi que les films internationaux suscitent un grand intérêt chez le spectateur européen. A contrario, le cinéma des pays voisins souffre d’un manque de curiosité de la part des Européens, les films français étant peut-être la seule exception.

En effet, l’existence du cinéma européen est conditionnée par la bonne marche des cinémas nationaux. Pour pouvoir résister à la puissante industrie cinématographique des Etats-Unis, le cinéma européen requiert les aides de l’Etat et de la Commission Européenne. Par ailleurs, la Commission fait la distinction entre films commerciaux et films culturels, préconisant de réserver les aides d’Etat à ces derniers. Véronique Cayla n’est pas d’accord avec une telle logique. Elle nous explique que dans le cas français, c’est souvent les films de divertissement qui permettent de financer le cinéma d’auteur grâce à une taxe prélevée sur chaque billet acheté. L’intervenante ajoute que la limitation des aides d’Etat au cinéma français au nom de la libre concurrence ne bénéficiera pas au cinéma des pays voisins. La conséquence d’une telle action sera un plus grand avantage donné aux films en provenance des Etats-Unis.

Mme Cayla s’est montrée optimiste quant à l’avenir du cinéma d’une façon générale, en déclarant que la piraterie ne peut pas être une vraie menace pour le septième art. Quant au cinéma européen, véritable miroir de la diversité culturelle de l’UE, le plus grand défi est d’assurer une meilleure circulation des films nationaux à l’échelle de l’Union. La bonne portée de son cinéma est vitale pour l’identité européenne, et, comme l’a formulé le fameux cinéaste allemand Wim Wenders, "L’Europe a plus besoin de son cinéma que le cinéma de l’Europe". A.S.

























La carrière professionnelle de Véronique Cayla se distingue par une liste impressionnante des postes occupés dans le secteur culturel. En 1973, elle entre au Ministère de la Culture où elle commence par être chargée de mission au Fonds d’intervention culturelle avant de travailler comme conseillère cinéma dans les cabinets de Michel Guy (secrétaire d'Etat à la Culture) et de Jean-Philippe Lecat (ministre de la Culture de 1978 à 1981). Ensuite, Mme Cayla a successivement occupé les postes de directrice générale de la Vidéothèque de Paris, du groupe cinématographique MK 2 ainsi que du Festival de Cannes. Enfin, en 2005 elle a été nommée la directrice générale du CNC.
Lors de la conférence, Véronique Cayla a parlé de l’état actuel du cinéma européen, ainsi que de ses tendances récentes dû aux phénomènes de la mondialisation et du développement technologique.

Anna Sargsyan est journaliste à Fenêtre sur l'Europe

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