par Emmanuel Dupuy, le lundi 10 mars 2008

L'idée de créer une "Union pour la Méditerranée", est chère au Président de la République. En plusieurs occasions, notamment avec nos partenaires allemands, il a été mis en évidence combien la forme de ce projet nécessitait une explication de texte approfondie, afin de ne pas compliquer davantage un empilement déjà dense d'espaces de dialogue, de partenariats, d'associations et de politiques de voisinages solidement ancrés dans l'espace méditerranéen…


L'Appel de Rome, le 20 décembre dernier, réunissant les chefs d'Etat et de Gouvernement français, italien et espagnol semble désormais donner au projet une nouvelle impulsion, apte à rappeler à nos partenaire, notamment allemands, la complémentarité de cette "union de projets", qui se veut caractérisée par une souplesse d'action et une intelligence pragmatique tant dans son élaboration que sa mise en œuvre.

La première légitimité du projet réside incontestablement dans le besoin de mieux structurer cet espace méditerranéen, fort de 22 Etats riverains (auquel on a coutume d'intégrer la Mauritanie, le Portugal, la Jordanie), à la fois carrefour et passerelle de civilisations, peuples, religions historiquement imbriquées mais non dénuées de facteurs de tensions chroniques et de conflits récurrents. Cela réside dans des solidarités concrètes et des complémentarités transméditerranéennes, notamment quant aux acteurs financiers et modalités d'action et d'impulsion.

C'est ainsi la sauvegarde de la stabilité et de la paix globale, les conditions d'existence de la sécurité des échanges des biens et des personnes, le développement des intérêts économiques croisés et la gestion des flux migratoires de part et d'autres du bassin qui sont principalement en jeu.

La spécificité de chacun des pays concernés devrait ainsi être mise collectivement à contribution pour la stabilité, la sécurité et le développement équilibré de l'ensemble de la région, sur la base d'une perspective stratégique élaborée en premier lieu par les riverains eux-mêmes, et dans le but de sécuriser leur cadre de vie au quotidien.

Tous ces éléments semblent ainsi légitimer le concept innovant de " sécurisation du développement", propre à rappeler qu'il existe de part et d'autres du bassin de nombreux facteurs communs d'insécurités, notamment environnementales, qui vont affecter durablement le cadre de vie méditerranéen.

Ce destin collectif pour la Méditerranée doit ainsi permettre de saisir toutes les opportunités de croissance et de développement, qui accompagnent les exigences de stabilité, de sécurité et de développement économique et humain équilibré, préalable à un développement durable de part et d'autres du bassin.




Emmanuel Dpuy est président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE)

http://www.ipse-eu.org

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